Comment débuter la peinture à l'huile ? (1) : Généralités
Les erreurs à éviter quand on débute.
(liste non exhaustive ...)
Conseils d'un apprenti à un débutant.
Si après sept années de pratique, les choses sont un peu plus claires pour moi, je ne peux en aucune façon me prétendre capable d'enseigner à mon tour. En revanche, il m'est possible d'énumérer les erreurs que j'ai commises en espérant que d'autres pourront ainsi les éviter.
Lorsqu'on débute la peinture et qu'on est seul, il est bien difficile de s'y retrouver dans les informations disponibles.
Déjà il y a le jargon, incompréhensible pour le profane (c'est à cela qu'il sert ...).
Un bon nombre de concepts qui doivent paraître évidents aux peintres et aux profs de peinture sont très obscurs pour qui n'a pas de notion de cet art. C'est peut-être encore plus vrai en peinture à l'huile, à cause de l'ancienneté du procédé et des multiples variantes dans son application.
J'ai eu bien du mal à trouver un fil conducteur pour me guider dans ce maquis.
Il est vrai que je ne suis sans doute pas allé au plus facile, ni au plus simple, c'est-à-dire prendre des cours, suivre un véritable enseignement avec exercices, travail imposé, règles à apprendre etc., auprès d'un vrai prof.
C'est ma première erreur : j'étais tellement persuadé que la peinture et le dessin classiques étaient hors de portée que je n'imaginais même pas m'inscrire à un cours. Il fallait tout d'abord que je me fasse une idée par moi-même, voir si cela en valait le coup, si j'allais poursuivre l'étude ou bien juste effleurer le sujet et abandonner devant l'ampleur du défi et mon absence de talent.
Ce qui est la meilleure façon de n'arriver à rien
Avec le recul, je constate que la seule vraie solution aurait consisté à s'inscrire dès le début dans une école d'art (école municipale des Beaux-Arts en ce qui me concerne), bien que l'enseignement dans ces écoles commence toujours par deux ans de dessin, étape obligatoire avant d'aborder quoi que ce soit d'autre (peinture sculpture, gravure). Cela peut sembler particulièrement difficile, inutilement exigeant, mais après sept années de "pratique" je peux l'affirmer sans aucun doute : c'est tout à fait nécessaire !
Mais je ne l'ai pas fait, par flemme, par peur de perdre du temps (alors qu'en fait c'est le contraire).
Et maintenant, chaque fois que je prends les pinceaux, je m'en mords les doigts ... Ce qui, évidemment, n'arrange rien !
Le premier sujet que j'ai tenté de peindre émanait d'un magazine : il s'agissait, je m'en souviens encore très bien, d'une porte cochère dans une rue marocaine : murs rouges, porte métallique bleue à gros rivets. Sans rien connaître à la peinture, je me suis lancé. Ce fut bien entendu, et comme attendu, une catastrophe complète. Sur ce point je n'ai pas été surpris !
Toutefois, sur toute la surface de la feuille, il y avait endroit moins raté que le reste, une toute petite zone de moins d'un cm2 peut-être, représentant une tête de rivet où j'avais, sans même m'en rendre compte, réussi un effet, un modelé (mais à ce moment je ne savais même pas que cela avait un nom).
Peinture un peu plus claire du coté de la lumière, un peu plus foncée coté l'ombre, très foncée à la jonction entre le rivet et la surface, encore d'une autre valeur pour l'ombre projetée, ... Ce jour-là j'ai compris une notion précieuse concernant le rendu du volume par les valeurs.
Peut-être que s'il n'y avait pas eu cette expérience je n'aurais pas poursuivi la peinture ...
Par la suite, à chaque tentative, je me suis consolé de l'échec par l'observation de ces détails, de ces effets presque réussis, qui me laissaient penser que la prochaine fois ce pourrait être meilleur. Je me suis contenté de ces timides encouragements.
Aujourd'hui, dans un travail, je sépare toujours l'ensemble, l'effet global de la peinture (invariablement peu satisfaisant) et les parties qui semblent meilleures.
Lorsque, dans la réalisation d'une copie ou d'un travail personnel, j'apprends ne serait-ce qu'une seule chose nouvelle, j'estime que l'effort n'a pas été vain.
Normalement, une technique acquise, même par hasard, n'est jamais oubliée et pourra donc être réinvestie dans un autre essai.
J'ai constaté aussi, qu'à un moment donné, il y a comme un effet de saturation, qui peut aller parfois jusqu'à l’écœurement : on a l'impression de ne plus y arriver, de ne plus progresser ... Cela peut durer des jours ou même des semaines, puis l'envie revient, à son heure. Et on est alors surpris de mesurer les progrès accomplis !!
La progression n'est pas constante, il y a des avancées fulgurantes (trop rares en ce qui me concerne) et des paliers, des phases de stagnation, peut être même de régression.
L'évolution du travail ne peut être évaluée que sur des longues périodes, plusieurs mois au moins.
La première qualité du peintre sera donc ... la patience.
- - - - - - - -
Suite : Comment débuter la peinture à l'huile ? (2) : Le matériel
Comment débuter la peinture à l'huile ? (3) : La documentation
Comment débuter la peinture à l'huile ? (4) : Les couleurs
Comment débuter la peinture à l'huile ? (5) : Le premier tableau
Comment débuter la peinture à l'huile ? (6) : La copie